Je n'ai jamais su à quoi tout ce bric-à-brac servait.
Mais il a été un vivier intarissable pour mon imagination.
Quand j'étais enfant, j'adorais y jouer : je m'y faufilais dès que mémé oubliait de fermer à clef et j'y passais des heures à examiner des insectes, à lire de vieux grimoires, à farfouiller dans le grand coffre. Je m'entourais de toutes sortes de curiosités et là, au milieu des cristaux brillants et des colifichets...
J'édifiais un monde onirique rempli de magie et de légendes.
Mais un jour, j'ai pris conscience de l'horreur que ce lieu pouvait inspirer...
Une copine est venue jouer à la maison. J'avais hâte de lui montrer mon repaire secret et je me suis laissée emporter : je lui ai raconté des histoires pour l'intimider et attiser sa curiosité.
Une terrible erreur.
Chaque mot que j'ai prononcé s'est retourné contre moi.
Elle a pris peur.
Elle est tombée.
Elle s'est blessé.
Et c'est à partir de ce moment-là que les autres se sont mis à m'éviter.
Des coups d’œil apeurés, des voix qui s'assourdissent sur mon passage, des bruits de pas qui détalent à mon arrivée...
Puis, les rumeurs ont commencé :
Mais à chaque fois qu'on prononçait ces paroles,
c'était MOI qu'on maudissait.
Ils étaient terrifiées par la petite fille que j'étais, mais je l'étais bien plus encore dans la solitude et l'incompréhension où ils m'avaient rejetée.
Aujourd'hui je peux le dire :
La recette que nous suivons est assez simple, mais la présence de cristaux parmi les ingrédients me fait douter de sa comestibilité, et la couleur turquoise de Sixam du résultat final n'est pas vraiment pour me rassurer.
Trop tard.