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#13 Statu quo

Nous étions enfin arrivés à ce point de contact tant soupiré, mais il a fallu que sa vieille bique de grand-mère vienne tout gâcher...

Elle l'entraîne vers la remise. Je reste seul à l'entrée de la propriété. Je décide de jeter un coup au bâtiment principal, dans lequel je ne suis jamais entré. Une véranda entoure la maison. De grandes baies me permettent d'observer un intérieur bien plus propre et décoré que je ne m'y attendais.

Une ombre derrière le voilage d'un rideau surprend mon regard : il y a quelqu'un dans le salon. Je reconnais ma sirène.

Elle se tient debout devant une vitrine où sont exposées des bibelots. C'est ma chance. Je vais lui parler. Mais elle tourne soudain la tête à droite et à gauche. J'ai le réflexe de me cacher.

Elle se remet face à la vitrine. Sa main s'approche de la surface hyaline et s'arrête brusquement.

Elle fait un pas en arrière. De nouveau, son regard virevolte d'un bout à l'autre de la pièce, pour finir par se replanter sur l'étagère en face d'elle.

Le manège va recommencer. Je comprends ce qui est en train de se passer. Ses doigts effleurent le battant de verre. Je pars d'un grand rire sonore juste derrière elle.

Elle sursaute en poussant un hoquet de chèvre. Je demande :

— Bon, tu te décides à le voler, ce bibelot ? 

Elle fait volte-face, presque aussi blême que moi. Est-ce que les sirènes ont aussi des problèmes d'anémie ? 

Elle baisse la tête. On ne peut pas avoir l'air plus coupable. 

— Avec ton air tout mignon, je n'aurais jamais deviné que tu étais le genre de personne cruelle au point de déposséder une pauvre grand-mère de ses précieux bibelots ! 

Son visage perd son expression niaise et embarrassée. Elle me scrute avec circonspection :

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Je te l'ai dit : je veux que tu chantes pour moi.

— Je refuse. 

— Eh ben ça, c'est une réponse catégorique. J'ai toujours ton collier.

— Je n'en ai plus besoin. Tu peux le garder.

— Je suis surpris. Tu avais l'air d'y tenir pourtant, tout à l'heure. 

— Je vais en avoir un nouveau. Je suis ici pour ça. C'est un charme. Il me permet de garder mon identité secrète. J'imagine qu'à ce stade, ça ne sert plus à rien d'essayer de nier. Comme tu as pu le voir, j'ai une queue de poisson. As-tu l'intention de me faire chanter ?

— Pas dans ce sens-là. Une bonne chanson n'est jamais chanter à contrecœur. Je trouverai un autre moyen de te convaincre. 

— Tu as 5 000 simflouzs ? 

— 5 000 simflouzs ? À ce tarif-là, tu ne ferais pas que chanter pour moi... 

— Tu les as ou pas ? Si tu ne les as pas, alors, laisse tomber. Je ne suis pas intéressée. 

— Si je comprends bien, tu as besoin d'argent ? Il y a la foire aux talent du festival de Sulani. Le prix est de 20 000 simflouzs. Si tu chantes pour moi, je peux te garantir que tu les remporteras.

— On m'a parlé du concours aussi, mais c'est maintenant que j'ai besoin d'argent. Je ne peux pas attendre le festival de Sulani. En plus, les participants sont tirés au sort : rien ne dit que tu en feras partie.

— C'est vrai, mais ce n'est certainement pas en volant ces babioles que tu auras tes 5 000 simflouzs. Pour 500, en revanche, je peux t'acheter le même modèle que celui en vitrine.

— Ce n'est pas un de ces attrapes-touristes qu'on trouve sur les étals de marché. C'est le Cœur de Sulani. Mais, tu as raison : c'est sans espoir. Je ne suis pas une voleuse. Mes parents ne m'ont pas élevée comme ça. Merci de m'avoir rappeler cela. 

Elle se dirige vers la porte de la véranda. Au moment où elle me croise, je lui lance :

— Tu peux toujours chanter pour moi, si tu veux me remercier !

Mais c'est inutile. Elle sort sans rien dire. Je me suis complètement planté. Je ne m'attendais pas à ce qu'une question aussi triviale que celle de l'argent soit l'enjeu principal des négociations. Si j'avais su, j'aurais préparé des arguments un peu plus... matériels. 5 000 simflouzs...  Je ne vois pas où trouver une telle somme du jour au lendemain. 

Je me retourne. Wanakoko me toise les bras croisés. Elle hausse un sourcil.

— Alors, tu lui as demandé ? Qu'est-ce qu'elle a dit ?

— Elle m'a jeté...

Ses bras s'ouvrent, son visage se détend, elle s'épanouit comme une fleur en riant. 

— C'est tellement bon ! s'exclame-t-elle. Tu as ce que tu mérites ! 

— Hé ! Rigole si tu veux ! Mais il est encore trop tôt pour abandonner ! 

— Ouais, ouais ! Comme on dit, l'espoir fait vivre, mais il ne remplit pas l'estomac ! En attendant, mémé prépare des macaronis au fromage. Allons manger.

Je m'attendais à ce que nous déjeunions à l'intérieur, dans la salle à manger, mais apparemment, cette pièce tout comme la cuisine ne sert pas à grand-chose. Je comprends maintenant pourquoi la maison est si propre bien que le propriétaire soit si sale. Cette dernière préfère d'ailleurs cuisiner dans un chaudron tout plein de terre, ce qui lui ressemble finalement beaucoup plus. Elle assaisonne le repas avec je sais pas trop quelle poudre de perlimpinpin et remue le tout à l'aide d'une cuiller en bois... volante.

En tant que vampire, je ne digère pas la nourriture sims, mais... est-ce que cette nourriture peut être encore qualifiée d'humaine ? Les pâtes ont un aspect gluant. Je me demande si c'est du fromage ou de la bave de crapaud. Je crois qu'il va falloir qu'on ait une petit discussion avec Wanaloco au sujet de sa grand-mère... Parce que je commence à prêter de plus en plus de crédit à ces histoires de sorcière... 

 

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O
hahahahahahaha De la poudre de perlimpinpin! J'ai tellement ri!!!<br /> <br /> La mémé Sorcière qui fait des macaroni tout gluant de bave de crapaud avec un cuillère volante... ! Hou...<br /> <br /> J'ai bien ri avec le crapaud sur la table. Raven qui a un regard de la mort qui tue. XD<br /> <br /> Et Odessa qui est en peine de trouver les 5000$ pour sauver sa famille... elle me fait tellement de peine. Que j'aime ce personnage si attachant. Bon, Raven aussi, il est bien divertissant. XD<br /> <br /> Super épisode! J'ai bien rigolé!
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L
Oui c'était très drôle l'histoire de macaronis. 😉<br /> <br /> Je suis contente que tu apprécies autant Odessa. Et Raven aussi malgré ses nombreux défauts ! 😅
R
Encore un très bon épisode. Je dois être un peu spécial car j'adore Raven, son petit côté filou me parle énormément. Il est gonflé et sans gênes 😏<br /> <br /> Les images sont toujours aussi belles et le fait que l'on quitte petit à petit l'aspect BD pour l'aspect roman ne m'a absolument pas dérangé. <br /> <br /> La lecture de ton histoire est devenue mon petit plaisir du matin🤤
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Ah et bien ne t'habitue pas trop à cet aspect roman car la BD reprend au chapitre suivant ! <br /> <br /> Contente que ta lecture puisse accompagner ton café agréablement. ☕Merci pour le commentaire. C'est mon petit plaisir en rentrant. 😊
A
Avant toute chose, je te remercie d'enrichir mon lexique grâce à la richesse du vocabulaire que tu emploies dans cette histoire.<br /> <br /> J'ai adoré ce chapitre : l'hésitation d'Odessa, tiraillée entre un besoin quasi vital et ses valeurs éthiques (la tête qu'elle fait avec le "gloups" est parfaite) ; l'attitude de Raven qui commente la scène avec ses sarcasmes ; les questions que se posent Raven au sujet de la sorcellerie qui ne serait pas qu'un mythe.<br /> <br /> Et bien sûr, la question à double sens "As-tu l'intention de me faire chanter ?" était magnifiquement placée.
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C'est vrai que c'était bien comique, cette scène entre Odessa et Raven. J'ai eu beaucoup de plaisir à la tourner. Merci.<br /> <br /> Et oui, il y a de quoi se poser des questions quand on voit une cuiller volante... 😅<br /> <br />