Je viens du pays de la nuit.
J'ai grandi dans les ténèbres.
Des jours sans lumière dans un château hostile. Je n'ai manqué de rien. Mon père était le maître des lieux, le vicomte Draskovitch, un homme austère, silencieux, solitaire. Il était froid comme l'hiver sans fin qui a glacé les souvenirs de mon enfance.
Il me parlait peu, ne m'a jamais serré dans ses bras. J'avais peur de lui.
Je n'ai que très peu de souvenirs de ma mère. C'est elle qui allumait le feu tous les matins dans ma chambre.
Je n'avais pas le droit de l'appeler maman. Il m'a fallu bien des années avant de comprendre qui elle était.
Je ne sais pas si elle m'aimait vraiment ou si c'était seulement par obligation, mais elle a toujours été là pour moi. Chaque fois que je faisais un cauchemar, elle venait me consoler et me chantait des berceuses pour me rendormir.
Encore aujourd'hui, je cherche dans ma mémoire ces paroles, cet air qu'elle fredonnait, le son de sa voix.
Mais ils se sont évanouis dans l'obscurité.
Les ténèbres ont englouti le château après que la dernière lueur qui éclairait mes nuits s'est éteinte à jamais.